Le concept de soutenabilité de la dette est un sujet crucial pour les économies émergentes, notamment celle du Maroc. En effet, le niveau de la dette publique influence directement la capacité d’un pays à investir dans des projets de développement, assurer la stabilité macroéconomique et maintenir la confiance des investisseurs internationaux. Cet article vise à analyser les stratégies et les implications pour l’économie marocaine en matière de soutenabilité de la dette, tout en tenant compte du contexte international.
État des lieux de la dette marocaine
D’après les chiffres publiés par Bank Al-Maghrib, la banque centrale marocaine, l’encours de la dette s’est élevé à près de 70% du Produit Intérieur Brut (PIB) à fin 2020. Bien que cette proportion demeure inférieure aux seuils critiques établis par certains chercheurs, elle implique néanmoins une vigilance accrue quant à la gestion de la dette. Pour comprendre la dette du maroc, il est essentiel de distinguer entre la dette intérieure et la dette extérieure.
La dette intérieure
Elle représente environ 52% du PIB à fin 2020 et se compose principalement d’obligations émises par l’État sur le marché domestique. Les principaux détenteurs de ces titres sont les banques commerciales, la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG) et les compagnies d’assurance. Il est à noter que la maturité moyenne de la dette intérieure a augmenté, ce qui peut être perçu comme un signe positif pour la soutenabilité de cette dernière.
La dette extérieure
Quant à elle, elle s’élève à environ 18% du PIB à fin 2020 et se compose en grande partie de prêts accordés par des organismes internationaux tels que la Banque Mondiale ou le Fonds Monétaire International (FMI). Les financements souverains sur les marchés internationaux (Eurobonds), bien qu’ils représentent une source de financement alternative, restent toutefois limités en comparaison avec les prêts multilatéraux et bilatéraux.
Stratégies pour améliorer la soutenabilité de la dette
Afin de garantir une meilleure soutenabilité de la dette et assurer la stabilité macroéconomique, plusieurs stratégies peuvent être envisagées par les autorités marocaines :
- Diversification des sources de financement : Afin de réduire sa dépendance vis-à-vis des prêteurs traditionnels, il est essentiel que le Maroc puisse diversifier ses sources de financement, notamment en explorant de nouvelles options telles que les investissements directs étrangers, les partenariats public-privé et les eurobonds.
- Amélioration de la gouvernance publique : Une gestion rigoureuse des finances publiques est primordiale pour assurer la soutenabilité de la dette. Cela passe notamment par une meilleure planification budgétaire, un contrôle accru de l’endettement des entreprises publiques et une mobilisation accrue des recettes fiscales.
- Politique monétaire adéquate : Le choix du régime de change joue un rôle crucial dans la dynamique de la dette extérieure. Ainsi, afin de limiter le risque de change, il convient d’adopter une politique monétaire qui permette de maintenir le taux de change à un niveau compétitif tout en évitant la volatilité excessive.
- Promotion de la croissance économique : La soutenabilité de la dette dépend étroitement de la croissance du PIB. Il est donc impératif de mettre en place des politiques favorisant la croissance économique, telles que l’encouragement de l’investissement privé, le développement des secteurs à haute valeur ajoutée et la promotion de l’innovation.
Implications pour l’économie marocaine
L’amélioration de la soutenabilité de la dette exige une série de réformes structurelles qui, si elles sont mises en œuvre, auront des implications positives pour l’économie marocaine :
- Augmentation des investissements productifs : L’accès à des financements à des coûts plus bas permettra d’accroître les investissements dans des secteurs clés tels que l’éducation, la santé et les infrastructures. Ceci contribuera à renforcer le potentiel de croissance du pays à long terme.
- Amélioration de l’image du pays auprès des investisseurs : Une dette soutenable rassurera les partenaires financiers internationaux quant à la solvabilité du Maroc. Cela incitera les entreprises étrangères à investir davantage dans le pays et facilitera l’accès aux marchés internationaux de capitaux.
- Renforcement de la stabilité macroéconomique : La mise en place des réformes nécessaires pour assurer une gestion adéquate de la dette contribuera à limiter les risques macroéconomiques tels que l’inflation, le déficit budgétaire et l’instabilité du taux de change.
En somme, la soutenabilité de la dette est un enjeu majeur pour l’économie marocaine. Les autorités doivent redoubler d’efforts afin de mettre en place les politiques et les réformes adéquates pour garantir une meilleure gestion de l’endettement public. Ce faisant, elles contribueront non seulement à assurer la stabilité macroéconomique du pays, mais également à renforcer son attractivité vis-à-vis des investisseurs internationaux.